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Etape 1: Nieuport - Hafen

Etape 1: Nieuport - Hafen

Etape 1: Nieuport - Hafen

2021: Voyage Danemark-Suède-Norvège

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Ce voyage a été le fruit d'une concertation avec Hélène ma compagne: entre l'envie de naviguer en Fionie du sud que j'avais adorée lorsque j'habitais au Danemark, et les 3 pays que ma compagne ne connaissait pas.

 

Nous avons donc préparé un voyage de 6 semaines incluant navigation en mer Baltique & mer du Nord, et de la randonnée en Norvège. Les étapes ci-dessous sont purement théoriques et ont pour unique but de couper le périple pour mieux le présenter.

étape 1: Nieuport (BE) -> Hafen (DE)

étape 2: Hafen (DE) -> Anholt (DK)

étape 3: Anholt (DK) -> Oslo/Son (NO)

étape 4: Oslo (NO) -> Kristiansand (NO)

étape 5: Kristiansand (NO) -> Nieuport (BE)

460nm - 5 jours

230nm - 9 jours

220nm - 7 jours

180nm - 3 jours

525nm - 5 jours

cliquer sur les encarts "étape" pour accéder aux paragraphes dédiés

Etape 1: Nieuport (BE) - Hafen (DE) via le Canal de Kiel

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Cette première étape a été l'opportunité de naviguer en solitaire, Hélène m'ayant rejoint à Scheveningen/la Hague (NL).

Le long des côtes belges puis néerlandaises, les principaux dangers sont pour moi:

- les parcs éoliens, mais qui sont relativement éloignés des côtes et que l'on aperçoit de loin même la nuit

- l'estuaire de l'Escaut avec un trafic important de navires entrant et sortant

- le passage devant le port de Rotterdam qui lui aussi voit passer nombre de navires. Je suis notamment passé le long de la zone de mouillage au sud de Rotterdam, avec un nombre impressionnant de cargos, pétroliers et autres en attente de pouvoir rentrer au port

L'arrivée au port de Scheveningen se fait sans difficultés. Le port étant en travaux à l'époque, les visiteurs sont cantonnés à l'avant-port. Une petite marche s'avère nécessaire pour se ravitailler en frais (magasin "Jumbo" le long du "Tweede Haven").

Etant désormais 2 à bord, nous nous relayons pour contourner la pointe Nord-Ouest des Pays-Bas et viser le point d'entrée du Kiel Kanal: l'écluse de Brunsbüttel.

Le contournement des Pays-Bas se fait sans difficultés, quelques fois avec l'impression de faire du surplace lorsque le vent faiblit et que le courant de marée s'établit contre nous.

L'arrivée dans l'estuaire de l'Elbe est immanquable et se manifeste par un trafic accru de cargos en tous genres et de taille parfois impressionnante. L'expression "coquille de noix" prend alors tout son sens!

Leurs vitesses étant largement supérieures à celles des malheureux voiliers même à moteur, ces navires vous rattrapent rapidement...et mieux vaut rester en bordure - voire même à l'extérieur - du chenal, sans quoi les sirènes ont vite fait de vous "demander" de vous écarter.

Le Canal de Kiel (site internet) étant principalement destiné aux cargos, la plaisance n'est pas prioritaire, notamment aux écluses. Le passage se fait facilement et sans démâtage, avec dans notre cas environ 1 heure d'attente devant l'écluse (VHF 13 à Brunsbüttel). La navigation est ensuite très agréable, mais interdite de nuit, croisant régulièrement des mastodontes des mers paraissant bien à l'étroit et démesurés sur ce canal. A notre vitesse, il faut prévoir 24 heures pour franchir ce canal long de 100 kms, et les navires de petite dimension (-20m) ne requièrent pas de pilote. Lors de notre transit, nous n'avons pas dû payer de droit de passage, mais je pense que cela était dû aux travaux sur certaines écluses.

Ayant passé l'écluse de Brunsbüttel en fin d'après-midi, nous optons pour un amarrage de nuit sur un bras secondaire du canal, à l'écluse de Gieselau. Nuit tranquille assurée!

Le lendemain, nous continuons vers l'écluse de sortie à Holtenau, faisant le plein de gasoil à Borgstedt (Yachtservice Schreiber) et accostons pour la nuit à Hafen Strande, en sortie de la baie de Kiel.

Etape 2: Hafen (DE) - Anholt (DK)

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Cette partie du périple m'a permis de retrouver des lieux où j'étais venu lorsque j'habitais au Danemark (2005-2010); j'avais très envie de naviguer en Fionie, partie centrale comprise entre le "Jutland" (partie continentale à l'ouest) et la Seeland (grande île à l'est qui comprend Copenhague).

 

La Fionie est la partie que je trouve la plus belle: sorte d'archipel intérieur, villes à taille humaine, petits villages et campagnes luxuriantes. Elle est appelée le verger du Danemark, et le climat est un peu plus doux comparé à l'ouest du Jutland (Ringkoebing) où j'habitais.

Il me tardait donc de voir ces contrées depuis la mer, et d'en faire profiter Hélène.

Première étape: le port d'Aeroeskoebing, sur l'île d'Aeroe, île la plus au sud de l'archipel et toute en long. L'arrivée est ventée et les places comptées, nous obligeant à nous mettre à couple en 3e rangée faute de place directement sur le ponton. Surprise pour nos voisins danois: je peux leur répondre et échanger avec eux dans leur langue!

Nous louons des vélos, moyen de locomotion par excellence au Danemark et prenons un malin plaisir à nous dégourdir les jambes après plusieurs jours de navigation. Nous pédalons jusqu'au port de Soeby au nord, et faisons le tour des typicités locales: église protestante, mâts à drapeaux, moulin à vent, rues pavées des villes et routes de campagne.

Petite anecdote sur les mâts: le drapeau danois "Dannebrog" ne doit pas flotter pendant la nuit, auquel cas il le ferait pour le diable, ce qui est impensable. Les habitants le rangent donc avant le coucher du soleil pour le re-hisser le lendemain après le lever du soleil. Les danois sont très attachés à leur pays et à leur drapeau. Le petit fanion peut par contre flotter toute l'année ;-)

La soirée s’annonçant pluvieuse, nous prenons le bus pour aller prendre un verre dans un bar à Marstal au sud de l'île.

La transition vers Svendborg, ville du sud de la Fionie, est courte mais pleine de surprises: navigation dans un chenal étroit à croiser des ferries et se faire doubler par des voiliers en régate, arrivée à Svendborg avec foule de vieux gréements à contre-sens: leur tour annuel de Fionie part justement de Svendborg ce jour-là. Nous nous accoudons à la filière pour admirer ;-)

Depuis Svendbord, nous louons des vélos pour rayonner notamment vers l'île de Taasinge via une navette fluviale prise à Thuroe By.

Les étales de fruits & légumes sont courants, en libre service avec les prix indiqués et une caisse pour y mettre la monnaie...la confiance est très présente dans le quotidien danois!

Des amis d'Hélène faisant un tour d'Europe sont de passage au Danemark, et nous avons convenu de nous retrouver à Samsoe. Cette île est un point de passage obligé dans leur tour des initiatives écologiques, car elle a été un laboratoire pour y développer les énergies renouvelables en visant l'autonomie (non pas l'autarcie) énergétique. Une Energiakademi y présente d'ailleurs les actions réalisées localement, et accompagne les communes candidates à une transition énergétique.

Initialement à l'ancre devant la plage de Ballen, nous préférons nous installer au port pour faciliter les déplacements de notre troupe. Là encore des vélos nous permettent de circuler sur l'île et de profiter de la nature, le cri de guerre étant "Qui c'est qui est en vacances? C'est nous!"

Quittant les amis, nous partons vers Aarhus, 2e ville du Danemark et "capitale" du Jutland. Nous faisons un tour en ville avec passage obligé sur le "Torvet" (l'artère centrale d'une ville), à Gamle By (un musée qui rassemble différents bâtiments anciens au sein d'un petit quartier animé à l'ancienne) et sur le front de mer. Étant plutôt en recherche de nature, nous ne prolongeons pas le séjour ;-)

Dernière étape danoise avant la Suède, nous faisons halte à Anholt, petite île en forme d'oiseau en plein milieu du Kattegat. L'arrivée par vent fort nous oblige à nous amarrer "à l'arrache" à l'entrée du port, sur une place prévue pour les grands yachts et donc avec beaucoup de place. Le lendemain, le capitaine du port nous indique poliment un autre emplacement, plus en rapport avec la taille (et certainement l'état) de notre embarcation ;-)

Découverte pour nous deux, nous aimons beaucoup cette île et circulons encore une fois à vélo pour explorer les différentes plages, plutôt désertes et donc permettant du nudisme improvisé.

Etape 3: Anholt (DK) - Oslo/Son (NO)

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Départ du Danemark et début de la partie suédoise, que je connaissais un peu pour y être allé quelque fois depuis le Danemark. Mais le pays est grand, et les paysages changeants! Le mot d'ordre de cette étape sera le granit.

Notre but est de rejoindre Son dans le fjord d'Oslo, d'y laisser le bateau quelques jours pour aller randonner dans les fjords norvégiens.

 

Hélène retournera alors au boulot et mon père me rejoindra pour naviguer un peu en Norvège et ramener le bateau en Belgique.

Ce fut aussi les derniers moments tranquilles avant les galères du retour...à suivre.

Première halte à Branno, un des archipels juste au nord de Goteborg. Nous jetons l'ancre au milieu d'une étendue d'eau devant Kallo. Nous nous apercevrons le lendemain matin que nous étions quasiment sur le chemin du navibus local.

Nous sortons découvrir les lieux et nous sommes amusés de l'ingéniosité des suédois à construire autour et sur les blocs de granit.

Le lendemain, nous sortons le kayak gonflable pour aller découvrir l'archipel, qui invite aux baignades régulières!

La navigation suivante nous fait passer par Marstrand et sa forteresse. Mais la cohue sur l'eau et sans doute sur terre nous font fuir rapidement, et nous continuons notre route avec une halte dans le très joli port de Karingon. Les maisons posées sur le granit forment un enchevêtrement de ruelles dans lesquelles nous nous perdons avec plaisir.

Arrivée à Smogen pour passer la nuit, nous nous amarrons et repartons finalement après un regard entendu: foule, promiscuité avec les autres bateaux et musique forte ne sont pas pour nous. Nous trouverons un petit "mouillage" au calme à l'entrée du Sotekanalen, où nous copions les voisins et nous amarrons à des anneaux ancrés dans la roche. Chose impossible en Bretagne compte tenu des marnages importants, ici le marnage de quelques centimètres ou dizaines de centimètres autorise cette pratique que nous apprécierons et ferons nôtre durant le reste du périple. Nous ferons même bientôt sans anneaux!

Le Sotekanalen est vraiment splendide, navigation au moteur obligée mais très tranquille. La roche granitique n'est jamais très loin, et plonge suffisamment à la verticale pour ne pas présenter de danger.

En sortie, nous débouchons sur des chenaux bordés d'îles, et suivons tranquillement notre route vers Hamurgsund. Le ferry à câble et ses aller-retours laisse peu de marge pour passer. Nous décidons de faire une pause et sommes littéralement harcelés pour payer cet amarrage temporaire: 3 rappels en moins de 15 minutes alors que nous ne sommes pas encore tout à fait amarrés...cela méritait une ligne dans le livre de bord!

Nous nous arrêtons ensuite à Fjallbacka pour une petite balade en ville et repartons à la recherche d'anneaux dans la roche, que nous trouverons dans le fjord de Kranseholmen, près de Ramsvik. Feu de bois mort et nuit paisible.

Le lendemain, nous faisons une dernière halte suèdoise sur l'île de Kosteroarna. Particularité: les routes ne sont pas bitumées, cela donne un petit charme ancien au lieu. Balade à pied avec halte dans un café-resto-auberge, et visite écourtée car nous avons encore du chemin à faire. La réserve naturelle n'est pas accessible en bateau ou à pied.

Nous poursuivons et entrons en Norvège. La différence n'est pas visible à part les drapeaux ;-) Nous arrivons aux îles Hvaler, plus précisément à Nordre Sandoy. Nous avons pris la confiance, et face à l'absence d'anneaux à disposition, nous nous amarrons directement à la falaise, non sans nous être approchés à très petite vitesse, avec Hélène à la proue pour guetter des hauts fonds...à l'ancienne! Hélène a d'ailleurs dû sauter sur le plus proche rocher, une amarre à la main, pour nous amarrer. Quelques réflexions et essais plus tard nous serons installés pour la nuit. Le site est magnifique, la falaise tellement abrupte qu'il n'y aura pas de visiteurs, et une vue dégagée sur l'île en face: Kirkoy.

Dernière étape avant la pause randonnée, nous remontons le fjord d'Oslo, long bras de mer qui serpente jusqu'à la capitale norvégienne. Le site internet www.dockspot.com permet de visualiser, réserver et payer les places de port ou au coffre, très pratique pour nous qui arrivons tard et allons laisser le bateau plusieurs jours sans y revenir. Cela permet aussi d'avoir une place à coup sûr!

Randonnée dans les fjords

Après ces quelques jours de navigation, nous commencons par une visite d'Oslo, histoire de revoir une ville et prendre infos et matériels manquants pour la rando à suivre. Den Norske Turistforening est une mine d'infos avec un personnel de bon conseil, et des cartes à jour (Skarvheimen no. 2661 pour cette rando, le site ut.no propose aussi des randonnées selon le lieu de destination). Nous avons opté pour une cotisation donnant droit à une clé des refuges, mais n'en aurons finalement pas besoin. Mon réchaud fonctionnant à l'alcool à brûler, j'ai erré pour trouver de quoi le recharger car personne ne semblait savoir ce qui convenait. Après quelques boutiques et allers-retours, un tour au magasin de bricolage du quartier m'a permis de dénicher un vendeur connaissant le principe et m'indiquant le produit adéquat!

Le départ fût sonné au petit matin, après un aller-retour en annexe pour déposer Hélène et les sacs à terre. avoir réinstallé l'annexe sur le bateau et une baignade pour revenir au ponton. En avant Simone ;-)

La gare la plus proche étant à quelques kilomètres et le bus ne passant pas dans les horaires voulus, nous sommess bons pour une marche matinale. Le train nous amène (via un changement à Oslo je crois) à la gare de Berekvam, avec vue sur les sommets environnants durant le trajet. De là, le train touristique nous descend à Flam pour y trouver un camping.

Nous y rencontrons Marco, un jeune allemand visitant la Norvège en vélo, à qui je propose de le ramener en bateau vers la Belgique, au départ de Kristiansand.

En guise d'échauffement pour nos jambes et pieds, nous optons pour une randonnée autour du Naeroyfjord voisin, inscrit au patrimoine de l'UNESCO. Paysages très alpins et des vues à couper le souffle.

Un bus nous amène au départ de la rando, à Vassbygdi. Un dernier check, une tasse de thé et la récupération de bâtons de marche abandonnés là (pas perdus pour tout le monde!) et nous démarrons. La journée n'est que montées, passages devant des bergeries inoccupés et une estive servant de lieu de pratique pour une école d'élevage locale. Nous installons la tente près d'une zone élargie de la rivière, la cueillette aux myrtilles et framboises est lancée!

Le lendemain, nous passons au refuge de Aurlandsdalen et continuons vers l'étape du jour: Steinbergdalshytta. Les arbustes laissen place à une végétation rase et plus de cailloux.

Les myrtilles étant toujours au rendez-vous, nous profitons d'une pause gauffre à Steinbergdalshytta pour demander à acheter du fromage blanc afin de l'agrémenter des myrtilles pour le soir. Scène cocasse: le fromage blanc n'étant pas vendu séparément dans leur carte, il leur faut un peu de temps pour convenir d'un prix... On en rigole le soir, en nous disant que dans d'autres pays une solution de contournement aurait été trouvée en 2 secondes!

Nous décidons de monter la tente un peu plus loin que le refuge, sur les hauteurs et près d'un cours d'eau...glacée forcément. La nuit est calme mais fraîche, bien emmitouflés dans nos duvets.

L'objectif du lendemain est de prendre le train du retour à Finse, nosu n'avons pas pris les billets d'avance car trop d'incertitudes sur la durée de la marche.

Le démarrage est à l'image de la journée: des nuages avec quelques éclaircies. Le refuge de Geiterygghytta, malgré l'accueil glacial, nous offre une connexion internet. Horreur: le train envisagé est complet, et il ne reste des places que dans un train plus tôt. Cela veutt dire que les pauses sont désormais limitées et qu'il ne faut pas traîneren route. La fin de la randonnée est donc un sprint relatif, dans les nuages et la pluie sur la fin.

Nous arrivons finalement à la gare un peu en avance, de quoi nous changer et reprendre des forces. Fatigués, mais contents!

Etape 4: Oslo (NO) - Kristiansand (NO)

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Changement d'équipage au début de cette étape: Hélène retourne en Belgique et reprend le taf, mon père arrive pour naviguer un peu en Norvège et faire la navigation de retour vers la Belgique. L'objectif est d'amener le bateau à Charleroi pour démarrer sa rénovation.

Nous rapprochons le bateau d'Oslo, avec une petite frayeur moteur qui s'arrête et redémarre. Nous trouvons une place à l'ancre en face de la Kongen Marina. Nous profitons d'une dernière journée à visiter la ville en vélo (borne vélo justement à cette Marina), avec une pause piscine/hammam/sauna. Le lendemain matin, Hélène part avec un sac à dos léger vers la gare puis l'aéroport, direction Bruxelles.

Malgré mes demandes instantes et répétées, je ne trouve pas de club pour prendre une douche. Pas grave: je prétexte un grattage de coque pour plonger dans les eaux de la baie d'Oslo!

Pensant que le souci de moteur est dû à des impuretés dans le gasoil, je refais le plein avant d'amarrer le bateau proche de la gare, face à l'opéra. Papa arrive 1h plus tard, et nous repartons rapidement vers la crique de Bjornebukta au nord-ouest de l'île de Haoya dans le fjord d'Oslo. Arrivée tardive et donc mouillage à la frontale.

Le lendemain nous sortons du fjord d'Oslo et longeons la côté sud de la Norvège. Nous empruntons un chenal au milieu de l'île de Store Aroya, avant d'atteindre notre amarrage du jour: la falaise de Paradisbukta/Jordsbukta.

Nous en profitons pour nous baigner et dîner sur le seul rocher au soleil. Nuit seuls dans cette anse!

Pas de photos de la navigation vers Lyngholmen (mouillage au crépuscule à la voile), juste avant d'arriver à Kristiansand: je passe la journée le nez dans le moteur pour essayer de le faire redémarrer. Pas de réussite, malgré des démontages, resserrages et étanchéification diverses. Nous naviguons au milieu de ce chapelet d'îles, mais je ne vois pas tout ne prends pas de photos non plus!

Le lendemain nous arrivons à Kristiansand et faisons appel à un voilier voisin de route pour nous remorquer jusqu'au quai. Marco, le cycliste rencontré à Flam nous rejoint. Pendant que papa et Marco visitent un peu la ville et font les courses, je trouve des pièces (filtre + porte-filtre) pour remplacer un capot de filtre fissuré, mais le mécanicien n'est disponible qu'une semaine plus tard.

 

Nous décidons de rentrer en Belgique sans moteur. Pas l'idéal, mais une fois sorti du port, on aurait de toute façons navigué à la voile.

Etape 5: Kristiansand (NO) - Nieuport (BE) - Charleroi (BE)

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Départ à la voile donc, les conditions sont bonnes et le resteront. Le vélo de Marco est démonté et installé dans la cabine arrière.

Nous croisons quelques tankers/cargos et Marco a vite le mal de mer. Il lui faudra quelques jours pour sortir de sa léthargie et reprendre un bel appétit ;-)

Au bout de 24h de navigation, nous arrivons au niveau de Hvide Sande au Danemark et la pétole s'installe. Nous jetons l'ancre et nous reposons en attendant le vent qui revient en début de nuit. Nous repartons au crépuscule.

La navigation du Danemark aux Pays-Bas nous éloigne des côtes afin de ne pas prolonger la route inutilement. Nous passons ainsi à côté de plusieurs parcs éoliens offshore, bien visibles avec leurs éclairages synchrones. Nous mettrons parfois 12h à en passer certains tellement ils sont étendus...et notre vitesse modeste!

Au bout de 4 jours de navigation, nous arrivons au sud des Pays-Bas et contactons la marina NYSC d'Ostende pour voir les possibilités de nous rencontrer à l'entrée du port et qu'ils nous remorquent jusqu'au ponton. Rdv est pris pour le lendemain matin.

Nous passons donc la nuit au large d'Ostende, et malheureusement les batteries, bien vidées par le pilote automatique et les équipements électroniques du bord s'épuisent en début de nuit: nous nous retrouvons sans feux. Une veille s'organise à tour de rôle, et à la suite d'un abordage manqué (évité de peu grâce à l'éclairage des voiles à la lampe torche), je décide de nous maintenir à la cape afin de limiter les risques.

Au petit matin, nous sommes à l'entrée d'Ostende et devons jongler entre:

- le vent mal orienté nous faisant arriver au près serré avec peu de marge de manœuvre

- un courant de marée latéral assez fort

- des bateaux qui rentrent et qui sortent régulièrement

- les autorités du port qui nous refusent de passer la digue à la voile seule

- l'employé de la marina sur son semi-rigide qui s'impatiente et refuse de sortir de la protection de la digue

Au bout de quelques tentatives infructueuses de notre part, l'employé repart à ses occupations, nous laissant à notre problématique sans remords.

Je décide de changer de destination et d'aller à Nieuport que je connais bien: un port de pêche/plaisance avec peu d'activité professionnelle, et surtout des employés de marina (VYN) aimables et toujours aidants. Et je décide surtout de ne pas compter sur une aide extérieure pour entrer dans le chenal: je mets l'annexe à l'eau, à couple du voilier et y installe le moteur d'annexe. Celle-ci nous donnera un minimum de propulsion moteur.

Sur le chemin, je préviens la marina VYN de notre panne moteur, et leur demande de pouvoir nous amarrer en bout de ponton, sur le chenal principal afin de limiter les manœuvres, et leur demande aussi de venir sur le ponton pour nous aider à nous immobiliser à l'aide des amarres.

 

Pour l'entrée dans le chenal avec le courant latéral qui nous porte au sud, nous devons viser le bout de la jetée nord (à contre-sens des bateaux sortants), et nous nous organisons donc ainsi:

- papa est sur l'annexe et gére la propulsion sur mes instructions

- Marco est à l'avant et fait signe aux bateaux arrivant en sens contraire de s'écarter

- je suis à la barre et gère les voiles (écoutes rassemblées au cockpit)

 

L'entrée dans le chenal se fait comme prévu, avec un seul bateau qui doit se dérouter. La navigation dans le chenal se poursuit avec génois seul que nous enroulons avant d'arrondir pour arriver sur le ponton. Le moteur de l'annexe est bien utile pour maintenir une petite vitesse de manœuvre et aussi nous arrêter. Gros soulagement de ma part après les péripéties des dernières 24h! L'équipage est content d'être enfin arrivé, après 5 jours à bord. Marco repart rapidement avec son vélo afin de récupérer un train à Ostende qui le ramènera en Allemagne.

Je contacte un mécanicien qui rechigne à venir car à la retraite, mais c'est le seul de la zone apparemment. Devant mon insistance, il y consent tout de même et nous permet de remettre le moteur en marche le lendemain. Le surlendemain de notre arrivé à Nieuport, nous repartons vers Anvers avec l'idée de rejoindre le canal Anvers-Bruxelles qui nous amènera à Charleroi.

Départ au petit matin, navigation tranquille pour remonter la côte belge puis entrée dans l'estuaire de l'Escaut (Schelde en néerlandais, la majeur partie de l'Escaut maritime est en territoire néerlandais). Le vent du nord est établi et nous arrivons en fin de journée devant Terneuzen avec un courant de marée descendante qui s'intensifie. Bien que naviguant à la voile, nous avons le moteur au ralenti depuis quelques heures, histoire de pouvoir y recourir rapidement si besoin.

A cet endroit, le chenal fait une boucle vers le nord, le vent est désormais face à nous et les voiles inefficaces. Nous poussons les gaz, mais le moteur s'arrête soudainement, et ne veut plus redémarrer. Cela nous oblige à louvoyer (faire des zigzags) dans le chenal qui se rétrécit à cet endroit, avec quelques péniches et cargos qui se croisent. Rapidement nous constatons que nous n'avançons guère car nous revenons au même point: le courant de marée nous ramène en arrière de plus en plus fortement.

La police fluviale néerlandaise (Rijkswaterstaat), prévenue par un navire, se porte à notre hauteur sans que nous sachions qui ils sont: dans le noir nous ne voyons pas leurs inscriptions. Ils tentent de nous appeler sur la VHF, mais nous veillons sur le canal international 16 et ignorons que des canaux locaux sont en vigueur sur l'Escaut maritime.

A leur question "que faites-vous?", nous répondons que nous sommes en panne moteur et leur demandons de nous remorquer jusqu'à la prochaine écluse ou prochain port. Ils nous amènent à l'écluse de Hansweert.

A l'arrivée, petit interrogatoire nocturne via un traducteur joint par téléphone malgré mon aisance en anglais: la procédure veut que je m'exprime dans ma langue, eux dans la leur. J'apprends alors que nous aurions manœuvré dangereusement depuis Terneuzen et n'avons pas répondu aux appels VHF. Après mes explications, ils nous apprennent l'existence des canaux de VHF locaux. Plus tard, je serai bon pour un passage au tribunal, une amende pour conduite dangereuse (zigzag dans le chenal) et une autre en sursis (absence de veille sur les canaux VHF utilisés).

Suspectant un problème de batterie de démarrage, je me dépêche le lendemain samedi d'aller louer une voiture avant la fermeture du weekend et d'aller à Middelbourg acheter une batterie et un chargeur. Cela ne résoudra pas le problème malgré des essais répétés.

Nous profitons du samedi pour coucher le mât d'artimon, le mât principal sera couché quelques jours plus tard au BRYC de Bruxelles.

Je cherche des mécaniciens sur internet et m'apprête à les contacter le lundi matin. Papa de son côté discute avec un des agents de la police fluviale qui a justement un ami mécanicien maritime. Il vient le dimanche soir et diagnostique une entrée d'air dans le circuit d'alimentation gasoil: il faut tout resserrer à fond (comme il dit: un quart de tour avant que cela ne casse!). Il installe surtout une poire (celle des moteurs hors-bord) qui permettra de purger l'air du circuit bien plus rapidement qu'avec le petit levier de la pompe d'injection. Miracle moderne: le moteur redémarre du premier coup. Après avoir bien amarré le bateau en doublant les aussières, nous poussons les gaz pendant un bon quart d'heure: le moteur tourne normalement et ne s'arrête plus!

Hélène nous rejoint à Hansweert et nous raccompagnons mon père à la gare pour son retour à Nantes. Il n'aura pas vu le moteur redémarrer. Hélène repart le lundi matin, et je reprends la navigation vers Anvers puis l'écluse de Wintam, point d'entrée du canal Anvers-Bruxelles.

Le BRYC de Bruxelles est la dernière possibilité de démâter avant les canaux vers Charleroi. J'y suis très bien accueilli par Alain le chef de port qui me procure assistance et expérience appréciables dans cette opération.

On repart quelques jours après avec des amis invités pour l'occasion: Gwendoline et sa fille Axelle, Christian et Huguette. Le canal est à nous ce weekend-là: peu d'autres bateaux rencontrés en raison de la fermeture du canal à Bruxelles pour compétition de voile. Nous empruntons le plan incliné de Ronquières qui a rouvert quelques mois plus tôt après des réparations et une maintenance conséquente.

L'équipe débarque à Seneffe et je poursuis quelques jours plus tard seul vers le chantier naval Vankerkoven, où Melody est sortie de l'eau et installée sur son ber. Fin de cette aventure et début de la rénovation, pleine de surprises elle aussi!

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